ARGUMENTAIRE                        

                             L'HUMAIN FACE A L'ALTERITE

 Dans une époque où la question identitaire se faufile à travers diverses revendications individuelles, groupales, politiques ou religieuses, l’altérité dans l’épopée humaine questionne.

Le terme altérité est emprunté au latin alteritas (différence, diversité, autre). Il correspond à la notion philosophique de « différence par changement », l’altération. Ainsi relié, l’altérité interroge « l’autre » dans un rapport de force tel qu’il provoque une altération dans le tissu identitaire du sujet. L’altérité s’inscrit également dans un processus temporel où l’état d’un individu se transforme. Cette poussée différenciatrice s’inscrirait-elle dans l’organisation somatique singulière de l’humain ?

Dans une perspective phylogénétique nous pourrions questionner de quelle manière « l’autre » a surgi chez l’homo sapiens relié à sa horde d’appartenance et quelle fut sa réponse adaptative. Les sociétés humaines semblent également se constituer autour de mythes qui les structurent en suggérant une origine à l’individu sexué distinct de son environnement, en différenciant la vie de la mort, le bien du mal, l’humain de l’animal… Ces mythes s’insèrent notamment dans les religions ou cosmogonies anciennes mais aussi modernes, selon l’actualité scientifique en vigueur.

L’Histoire nous rapporte que « l’étranger », c’est le Barbare pour les Grecs, Romains ou chrétiens. Or, ces Barbares qui figurent parmi nos ascendants ne réapparaissent-ils pas sous l’apparence des immigrés, ces étrangers dont certains se défendent au risque de voir leur identité dissoute, alors que pour d’autres, le différent représente un enrichissement et une opportunité ?

Le modèle de la situation anthropologique de Laplanche permet d’interroger l’origine de l’altérité qui rappelle l’existence d’une asymétrie originaire établie entre l’adulte-parent et l’enfant. Dans ce rapport de forces l’adulte inocule son propre inconscient infantile à l’enfant selon le modèle du trauma. Ce processus « d’altération » né d’une groupalité laisse supposer l’imposition de « l’autre » inter et transgénérationnel dans le sujet en devenir au sein de son groupe d’appartenance. L’enfant aura à traduire au mieux ces divers messages afin d’enrichir son moi et ses relations groupales à venir.

 Les intraduits des messages parentaux font-ils office de barbares internes dont il y a lieu de se débarrasser par des agirs familiaux d’origine infantile ? L’effacement des différences dont celles distinguant le sexuel infantile du sexuel génital, le réel du virtuel et du fantasme ainsi que l’évitement des conflits au sein des familles révèle-t-il des défenses groupales pour lutter contre les pertes et les souffrances des séparations ? Le succès de la dystrophie du genre en est-il le reflet ? Les souffrances non-dites ou non-entendables sont-elles mises « hors-la-loi » par les adultes ou étouffées par les vertus de la science (antidépresseurs, médication à outrance, addictions…) ? Le contournement de la souffrance infiltre-t-il l’asymétrie propre à la position d’autorité ?

La haine peut-elle encore coexister légitimement avec l’amour ou faut-il en interdire ses témoins (mots interdits au Scrabble, des dessins prohibés dans Tintin, révision de la culture…) et nier l’ambivalence de l’humain afin de ré-écrire une histoire « pure » sans fantasmes meurtriers ? L’humain prendrait-il la place des dieux sur l’Olympe afin de maitriser l’espace et le temps et ainsi estomper une différence radicale contenue dans l’altérité ? 

Ces diverses questions et d’autres encore seront débattues dans le cadre de ce nouveau cycle de visioconférences de l’APPCF.