ARGUMENTAIRE
Guerre et paix dans les couples et les familles
Les termes guerre et paix sont régulièrement utilisés au sein des couples et des familles. Nous pouvons ainsi entendre qu’une guerre fratricide s’est déclarée… « qu’avec ma famille, pas d’armistice en vue ou encore, s’il veut la guerre, il l’aura… » Le mot paix s’entend quelquefois dans des expressions telles, ce serait bien si on faisait la paix…, « on a signé un traité de paix dans la famille…, lui et moi sommes à présent en paix… ».
Le terme guerre, issu du francique werra, nous renvoie à la lutte armée entre des groupes humains ou entre des Etats et se dit de tout conflit localisé dans l’espace et le temps. Il renseigne également l’action entreprise pour supprimer, détruire. La paix, issue du latin pax, pacis, signifie le fait de passer une convention entre partie belligérantes.
Si ces deux termes mis en présence signalent l’existence d’une tension conflictuelle qui rappelle celle de l’amour et de la haine, ils se déclarent de différentes façons. Le conflit peut s’envisager au sein d’une famille, au sein d’un couple, au sein de l’individu lui-même (intrapsychique, topique) soit encore entre une famille ou un de ses membres vis-à-vis d’un autre groupe (famille, institution, gouvernement…). Nous pouvons également envisager l’existence de déplacements des zones conflictuelles d’un lieu vers un autre : celles-ci peuvent glisser de l’intrapsychique vers le couple, vers un membre de la famille, vers un collègue ou une institution… D’une même manière, le déplacement du conflit peut s’opérer d’un temps vers un autre, ce qui ouvre le débat de l’intergénérationnel et du transgénérationnel et de façon générale, du conflit dans l’Histoire. L’idée du déplacement du conflit interpelle de cette sorte l’espace et le temps et se retrouve au cœur de la notion du transfert.
Les termes guerre et paix supposent tous deux l’existence d’un « autre », qu’il soit à détruire ou à maîtriser physiquement et parfois psychiquement (le terrorisme) lors d’une guerre. « L’autre » peut également être celui avec lequel s’établit une convention de paix. Mais, l’établissement d’une convention ne suppose-t-elle pas la reconnaissance d’un « autre », délimité dans un temps et un espace ? Dans cette perspective, la guerre et la paix ne viennent-elles pas interroger les mouvements d’ambivalence face à l’indifférenciation des êtres et des choses et plus fondamentalement ce qui sous-tend la vie et la mort auprès de l’humain ? Comment en saisir la genèse à la suite des diverses assignations qui fixent le nourrisson face à l’adulte ? Comment se départir ou assimiler peu ou prou les idéaux divers induits par le groupe familial relié aux codes culturels d’une société ? Comment, à partir de ces divers rapports de forces asymétriques et anthropologiques s’organise la vie intrapsychique alimentée par une élaboration de fantasmes individuels et groupaux au sein de la famille ?
Outre les répétitions, les conversions somatiques et psychopathologiques, les divers passages à l’acte, la sublimation, la symbolisation, quelles sont les issues que s’invente l’humain face à cette dualité qu’expriment les termes guerre et paix ?